“L'appel d'Urbain II ne nait pas de rien: il est l'aboutissement logique d'une lente evolution qui a conduit l'Eglise a tolerer, accepter, puis sanctifier l'usage de la violence armee. Le present ouvrage etudie les divers elements qui, particulierement au cours des Xe et XIe siecles, ont contribue a cette sacralisation. La paix de Dieu y joue un role majeur, mais qu'il faut comprendre de maniere nouvelle, en tant que protection des eglises et de leurs biens contre les atteintes diverses des seigneurs laics. Les recits de miracles mettent l'accent sur les chatiments, parfois tres violents, infliges par les saints aux violateurs des biens d'eglises. La reforme gregorienne, en assimilant la chretiente a l'Eglise, et l'Eglise a la papaute, sacralise du meme coup ceux qui combattent contre tous les ennemis de la papaute, allant jusqu'a accorder la couronne du martyre et la qualification de "saints" a ceux qui perissent les armes a la main pour la cause romaine. Le reconquista espagnole, soutenue par Rome, contribue aussi a cette sacralisation des guerriers combattant contre les "ennemis de la foi". Y contribuent egalement la recuperation et la diffusion, en Occident, des ecrits polemiques anti-musulmans brossant de l'islam et des musulmans une image caricaturale tres repoussante. D'autres ecrits, s'appuyant sur des propheties diverses, predisent la fin prochaine de l'islam lorsque Dieu aura pardonne aux chretiens les fautes pour lesquelles il les chatie par l'Islam comme il chatiait jadis son peuple par l'Assyrie ou par Babylone. Entrant dans le plan divin, la reconquete chretienne est donc percue comme voulue et sanctifiee par Dieu. La volonte d'union des Eglises (dans le sens d'un realignement de Constantinople derriere Rome) conduit aussi Gregoire VII, et plus nettement encore Urbain II, a fournir une reponse favorable a l'empereur Grec lorsqu'il reclame des mercenaires pour s'opposer a l'avance turque. La faveur des pelerinages et l'attraction ideologique de Jerusalem, trois fois sainte a cause du passe biblique, du present penitentiel et du futur eschatologique, sacralise plus encore la croisade qui apparait alors comme une guerre saintissime. La these d'Erdmann, trop critiquee depuis 20 ans, doit donc etre a la fois rehabilitee et retouchee. C'est le propos de ce livre.” Resumen obtenido de la pagina dedicada a Jean Flori

Lugar de publicacion original: Paris